Enrichir ses compositions avec les modes musicaux

Composer est un exercice difficile, et qui peut s’avérer frustrant lors qu’on est bloqué. Votre progression manque par exemple peut être d’originalité, ou elle ne correspond pas exactement à la couleur que vous aviez en tête. Vous voulez aller plus loin avec votre morceau et exprimer vos émotions avec plus de profondeur mais il vous manque le vocabulaire nécessaire. Une solution peut s’avérer être la modulation, ce qui signifie changer de tonalité ou de mode au cours d’un même morceau. Ici, nous allons nous pencher sur les modes et plus précisément les 7 modes de la gamme majeure.

Tout d’abord, qu’est ce qu’un mode ? 

Pour vulgariser simplement, un mode est une « variante » d’une gamme. Elle est dérivé de celle-ci puisqu’elle utilise les mêmes notes, seul l’ordre change. On considère un mode lorsque l’on part d’une note différente de la tonique pour jouer une même gamme. Par exemple, si vous jouez la gamme de Do mais que vous partez de la note de Fa, vous aurez le mode 4 de la gamme de Do (Fa étant la 4ème note de la gamme Do majeur) autrement nommé le mode Lydien de Fa. En effet, les notes sont les mêmes que celles de la gamme de Do majeur mais l’ordre, et donc les intervalles, changent et donnent une nouvelle couleur à votre morceau. 

Ainsi, comme une gamme est composé de sept notes distinctes, il existe 7 modes différents par gamme. On parlera ici des modes construits sur la gamme majeure en particulier, en effet il existe d’autre gammes (mineure mélodique et mineure harmonique) sur lesquels on peut construire des modes mais ceux-ci sont beaucoup moins répandus. Chaque mode de la gamme majeure est soit majeur, soit mineur, soit diminué et cela se base sur les degrés de la gamme majeure. Par exemple, les degrés I-IV-V sont majeurs, les degrés ii-iii-vi sont mineurs et le degré vii° est diminué. Les modes basés sur ces degrés rentreront donc dans ces mêmes catégories.

Les 7 différents modes de la gamme majeure

Le premier mode est majeur, c’est le mode « Ionien », celui-ci part de la tonique et correspond à la gamme majeure. Pour nommer les modes de manière complète, on utilisera la tonique de la gamme du mode suivi du nom du mode, le premier mode est donc Do Ionien.

La structure est donc celle de la gamme majeure, elle est composée de tons sauf entre les degrés III-IV et VII-I qui sont des demi-tons. Sa sonorité est une des plus répandues dans la musique actuelle et reste généralement assez joyeuse.

Le deuxième mode est mineur, c’est le mode « Dorien », celui-ci part du deuxième degré de la gamme majeure. En prenant Do majeur comme exemple, il s’agirait ici de Ré Dorien.

La structure est composée de tons et de 2 demi tons qui se situent entre les degrés II-III et VI-VII du mode. Le mode Dorien a une sonorité particulière, qui oscille entre le majeur et le mineur, offrant une sorte de compromis entre les deux mondes.

Le troisième mode est mineur, c’est le mode « Phrygien » , celui-ci part du troisième degré de la gamme majeure. En prenant Do majeur comme exemple, il s’agirait ici de Mi Phrygien.

La structure est composé de tons et de 2 demis tons situés entre les degrés I-II et V-VI du mode. La sonorité phrygienne est souvent associé à la culture hispanique, elle offre un son assez mystérieux et sombre.

Le quatrième mode est majeur, c’est le mode « Lydien », celui-ci part du quatrième degré de la gamme majeure. En prenant Do majeur comme exemple, il s’agirait ici de Fa Lydien.

La structure est composée de tons hormis entre les degrés IV-V et VII-I du mode qui sont des demi tons. La sonorité du mode Lydien est souvent utilisée par les compositeurs de film car elle évoque quelque chose de très féerique, de grandiose et de vaste.

Le cinquième mode est majeur, c’est le mode « Mixolydien », celui-ci part du cinquième degré de la gamme majeure. En prenant Do majeur comme exemple, il s’agirait ici de Sol Mixolydien.

La structure est composé de tons sauf entre les degrés III-IV et VI-VII du mode où il s’agit de demi tons. Le mode mixolydien à une sonorité très rock et blues grâce à son utilisation fréquente dans les 2 genres.

Le sixième mode est mineure, c’est le mode « Aéolien », celui-ci part du sixième degré de la gamme majeure. En prenant comme exemple Do majeur, on obtient La mineur qui est la relative mineure. Le mode « Aéolien » est tout simplement la gamme mineure classique. Sa popularité chez les compositeurs l’a distinguée des autres modes pour devenir une gamme « à part entière »

La structure est donc composé de tons sauf entre les degrés II-III et V-VI du mode où il s’agit de demi tons. La sonorité vous est certainement très familière et elle évoque souvent une émotion assez triste.

Le septième et dernière mode de la gamme majeure est diminué, c’es le mode « Locrien », celui-ci part du septième degré de la gamme majeure. En prenant Do majeur comme exemple, il s’agirait de Si Locrien. 

La structure est composée de tons hormis entre les degrés I-II et IV-V du mode où il s’agit de demi tons. Le mode locrien est rarement utilisé dans la musique populaire car il a tendance à sonner assez dur et instable étant donné que son degré 1 ou sa tonique est un accord diminué, cependant il peut ajouter des couleurs assez originales et intéressantes comme dans le morceau « Army Of Me » de Björk qui emprunte au mode Locrien sa sonorité lugubre et pesante.

En conclusion, explorer les 7 modes de la gamme majeure vous offre une palette étendue d’expressions et de couleurs musicales. Chaque mode apporte sa propre sonorité et émotion, permettant de créer des ambiances variées dans votre composition. En maîtrisant les structures et les caractéristiques de chaque mode, vous pouvez enrichir votre musique en lui donnant une profondeur et une diversité uniques. Maintenant, à vous de vous familiariser avec les modes de la gamme majeure et de les utiliser dans vos morceaux !